Sa victoire au Volant Michel Vaillant x YEMA en Octobre dernier lui a permis de remporter une saison complète avec la Classic Racing School au sein de l’Historic Tour, sous les couleurs de Michel Vaillant. Nicolas Hermet partage avec nous son ressenti suite à sa première séance de test avec l’écurie de la Classic Racing School en préparation de la manche d’ouverture de la saison le 25 mars à Magny Cours.
Il y a un peu plus de 4 mois maintenant, je n’étais pas au mieux de ma forme.
Pire, le Volant Michel Vaillant x YEMA approchait et je n’avais même pas le goût d’y aller. Des changements professionnels associés à des problématiques personnelles venaient perturber mon train de vie. Côté course auto, j’avais toujours eu la sensation – sans y croire – d’être un peu au-dessus de la moyenne. Sans parler de réel talent pour autant, je sentais bien qu’avec un réel entraînement, plus jeune, et en ayant été guidé et mentoré correctement, j’aurais pu briller ne serait qu’un tout petit peu. Ce ne fut bien sûr pas le cas.
Imaginez donc un seul instant, lors du Volant Michel Vaillant x YEMA, face à des gens qui réellement passionnés, ayant déjà roulé, que je découvre que non, de ne pas avoir cette aptitude naturelle.
Cela en aurait été fini pour moi. En allant à ce volant, je prenais le risque de voir mon monde s’écrouler, à un moment où, sincèrement, j’avais plutôt besoin d’un coup de pouce. Mon moral aurait été définitivement abattu. Il n’en a pas été ainsi.
Une petite préparation mentale, et trois jours de volant plus tard, voilà que je gagne le droit de représenter Michel Vaillant en remportant l’édition 2021 du volant organisé par Classic Racing School et Vaillante Académie.
Je n’avais pas prévu ça.
Pour être franc : je n’y arrive toujours pas à le réaliser. Personne de mon entourage n’y arrive non plus d’ailleurs.
Discussion surréaliste avec un ami (peu porté sur l’automobile) :
Hey, devine quoi ? Je vais faire une saison en FF Historique !
Ah oui, enfin, c’est plus du kart ?
Non non, là c’est du sérieux !
Tu vas avoir l’air de …. Attends comment il s’appelle le héros de la BD avec le pilote là ?
Ahaha Michel Vaillant ?
Michel Vaillant oui c’est ça !!
En fait, faut que je te dise un truc…
Après 4 mois, le Volant Michel Vaillant x YEMA m’a permis de :
Légitimer ce que je pensais de moi et de ce dont j’étais capable.
Me redonner l’envie (de tout)
Me remettre en selle professionnellement (tout allait très bien, c’est juste ma vision des choses qui a changé)
Alors forcément, quand on arrive devant la voiture pour la première fois, ça vous met un coup. Piloter ça moi ? Vous êtes sûrs ? Parce que sinon j’ai vu une trottinette garée devant l’atelier, ça me parait plus sûr…
Ça, c’est que je pense généralement, même avant une course de kart…
Sauf que cette fois c’est différent, le volant légitime cette place. Et ça c’est une sensation étrange pour moi. J’ai l’habitude du rôle de l’outsider : celui qui n’a rien à faire là mais qui va gérer au mieux ce qu’on pouvait attendre de lui.
C’est avec cet esprit que je suis arrivé à ma première course de kart en 2012, et à chaque course qui a suivi.
Cette fois ci, des professionnels me confirment : « Si, ça va bien se passer tu vas voir ! »
C’est étrange je le répète.
Et encore mieux : je serais accompagné techniquement, et même équipé !
J’avais l’habitude du karting amateur, où la majorité des gens roulent avec de l’équipement sommaire. Bien sûr on trouve toujours quelques furieux qui se sont payé une combi officielle homologuée FIA pour finir dans le fond de grille (voir dans le bac à gravier au premier virage). Mais la plupart du temps il s’agit plus de gens modestes qui se saignent pour faire un podium en dormant dans leur voiture et en déjeunant un jambon beurre sans beurre (voir sans jambon non plus) pour économiser au maximum.
Bien qu’un peu plus aisé, j’étais bien plus souvent dans cette deuxième catégorie.
Cette fois : RRS m’a fourni tout l’équipement. Et quel équipement. On me dit toujours que j’exagère, mais en vrai j’ai connu des survêtements moins confortables que ça ! C’est impressionnant. La qualité est vraiment superbe. Mention spéciale pour le sac de transport qui, contrairement aux autres marques, remplit vraiment son rôle tout en étant discret et assumable en dehors d’un circuit. Je pourrais arrêter là mon article tellement c’est déjà un bonheur, mais l’excitation est trop grande aujourd’hui pour s’arrêter là.
Déjà 4 mois se sont passés depuis le Volant Michel Vaillant x YEMA. Entrer dans « ma » voiture pour la première fois est une grande leçon d’humilité. Une Lotus 69 qui n’est pas loin d’avoir 2 fois mon âge, pourtant impeccable, réglée comme une horloge, et surtout avouons le : absolument magnifique.
Mais très bizarrement, j’ai également la sensation de l’avoir toujours connue. En quelques instants, je retrouve les marques des Vaillantes by Crosslé. Et tout de suite après avoir pris place dans le baquet, une sorte de mode « course » s’enclenche. Les émotions se coupent quasi instantanément une fois sanglé. La boîte ? Ok même disposition. L’ignition ? Ok cette fois c’est vers le bas. Le démarreur ? Ok il est là. Pression d’huile, température d’eau, ok, la limite de régime, les scotch sur le tableau de bord pour les rappels. Le pédalier, d’acc’ il est fait comme ça. Ah je suis un peu court « Tu peux me mettre une mousse dans le dos pour voir ? », l’accélérateur, aîe je me prends un tube du châssis dans la malléole, il faudra peut-être penser à mettre une mousse.
D’un seul coup, tout devient un puzzle, quelque chose de presque mécanique, instinctif, je suis là pour donner le meilleur de moi même. Point. Rien d’autre n’existe. Plus même que le copain venu me voir rouler pour l’occasion.
De la même manière, je retrouve très vite mes marques par rapport aux Crosslé du Volant Michel Vaillant x YEMA. Les vitesses, accélérations et inerties sont quasi les mêmes. Les trois jours du volant m’ont vraiment permis d’appréhender cette nouvelle auto sur de bonnes bases de conduite. Et grâce à cela je me suis surpris à observer des différences de comportement assez fines : suspensions plus souple, moteur moins coupleux à bas régime, un meilleur grip en virage (redoutable même !).
Je me suis retrouvé véritablement en confiance dès le premier tour de roue, et ça , c’est vraiment très plaisant.
Je comprends également pourquoi, même si le plateau est composé de voitures différentes (Lotus, Crosslé mais aussi d’autres), chaque pilote peut aller jouer la gagne puisque les comportements, mais aussi les performances sont vraiment quasi identiques. C’est le propre des catégories monotypes.
Ainsi je découvre pendant ce roulage, que mes performances seront vraiment basées sur mon pilotage, beaucoup plus que sur ma voiture. Et pour le coup, je me sens vraiment bien préparé par ces 3 jours de volants.
Pourtant, avant le Volant Michel Vaillant x YEMA, je n’avais jamais entendu parler de Formule Ford Historique. La newsletter de la Classic Racing School par laquelle j’avais eu vent de ce volant mentionnait pourtant « Une saison complète en Formule Ford Historique pour le vainqueur », mais très sincèrement, j’avais plus en tête un événement du genre d’un rallye historique à basse vitesse dans les rues de la ville pour faire défiler des anciennes fébriles et fragiles, que de réelles courses au niveau national. Même le soir de ma victoire au volant, je pensais que c’était un truc juste fun.
Puis Julien m’a montré une caméra embarquée d’une course à Charade sous la pluie en 2018. Là j’ai réalisé qu’il allait falloir être humble…. vraiment humble.
Donc changement de plan, changement de préparation. J’ai redoublé ma préparation physique et mentale. Avant ce volant je me préparais physiquement pour refaire du kart amateur en endurance. J’essaye en effet d’embarquer « mon » Steve Warson en quelque sorte dans cette aventure depuis près d’un an maintenant. Mais on est vraiment là pour le fun. On sait qu’on ira pas chercher une finale mondiale, mais j’avais besoin de ne pas me faire mal après 6h de course.
Avec cette saison j’ai véritablement besoin d’être affûté. Physiquement et mentalement. Pour le physique interdiction d’avoir la moindre contrariété. On est plus en kart, donc sans changer la fréquence de ma préparation, je travaille à la fois mon cardio et à la fois la prise de masse musculaire. Après cette première journée le résultat est sans appel : on est déjà pas mal. Un peu de mise au point sur le cou et les avant bras et je devrais être au top sur la saison.
Côté mental, je vais appliquer les mêmes méthodes que pour le kart. De la méditation régulièrement et de manière plus intensive à l’approche des meetings. Puis le matin des courses.
J’accompagne également tout ça de beaucoup de visualisation en amont (au moins 3/4 semaines avant). Je pratique ça en général en musique. C’est tout simple mais en gros l’idée consiste à se faire des films. D’une manière ultra réaliste et sans mensonge (ça c’est la partie dure).
J’essaie d’anticiper et d’imaginer ma concentration, mon état d’esprit en fonction de chaque difficulté possible : un freinage ultra tardif – se concentrer sur sa précision musculaire ; un rapport de boîte raté – ne pas dévier de sa trajectoire ; se faire dépasser – changer de trajectoire pour un possible dédoublement.
Je fais beaucoup cela, pour toutes les situations possibles et à chaque endroit de la piste. Cela donne de nombreuses possibilités. J’y passe véritablement un temps monstrueux. Mais cela a plutôt bien fonctionné jusqu’à présent. C’est exactement cet aspect qui fait de moi un très bon outsider.
C’est une position que j’affectionne tout particulièrement. Et c’est cette position que j’ai à l’approche de Magny-Cours.
Ne nous mentons pas, face à des gens qui roulent avec précision et technicité depuis 20 ans, je ne fais pour l’instant pas le poids. Mais je sais qu’au niveau mental, au moment où les feux vont s’éteindre, je ne serais plus la même personne. Et c’est pour cette sensation là que le sport auto m’anime.
C’est avec cette sensation que j’ai remporté ce volant de peu. C’est avec cette sensation que j’ai sorti le meilleur tour en course pour ma première course de kart. C’est cette rage de vaincre qui est exceptionnelle à ressentir.
Du coup si le mental est solide, que le corps suit sans frémir, il ne me reste plus qu’un peu d’entraînement et de la technique. Pour le coup on assure plutôt bien mes arrières chez Classic Racing School. Je peux compter sur les conseils précieux des membres de l’équipe, des coachs et instructeurs, et même de Pierre (Sancinéna) pourtant à distance.
Beaucoup de conseils, d’études de trajectoire, de compréhension du comportement de la voiture, comment y réagir etc… Une voiture qui par ailleurs est véritablement très saine, superbement équilibrée. Plus souple à piloter que les Crosslé. On sent qu’à la Classic Racing School, ils savent de quoi ils parlent niveau réglages. Cela met véritablement en confiance. Tout le monde est aux petits soins, et pas que pour moi.
J’ai eu l’occasion de rouler donc sur le fameux circuit du Bourbonnais pour une demi douzaine de sessions de 20 minutes (le temps d’une course à chaque fois). Encore loin en termes de chronos par rapport à Stéphane (Brunetti), mon coach sur place, mais une bonne feuille de temps malgré tout avec des chronos réguliers et une forte progression à travers les sessions.
Le circuit est assez technique de surcroît et à mon humble avis, peu rassurant avec des dévers, des freinage et courbes en aveugles dans tous les sens, et un tracé « à l’ancienne » : direct un dénivelé arrivant sur la terre derrière le bitume. Pas le droit à l’erreur donc.
Je me suis senti assez loin du niveau d’excellence offert par le Circuit de Vendée. Le circuit est bien, certes, mais la Vaillante Académie bénéficie d’infrastructures vraiment top, avec un cadre idéal pour l’école et l’appréhension des limites physiques des monoplaces. Le Circuit de Vendée est bien entretenu et facilite tout ce travail. Sincèrement on ne peut rêver mieux pour ce genre d’évènements.
Les séances d’essais libres seront donc cruciales pour moi à Magny-Cours vu ma capacité d’amélioration.
En attendant d’ici là, je vais regarder des caméras embarquées. Le par cœur n’est pas une option, la prochaine fois que je remonte dans la voiture, c’est le jour J. Donc autant être prêt.
Ça va être long deux semaines….Dites YEMA, vous pouvez pas les faire aller plus vite vos montres ?
Nicolas Hermet