Une fois n’est pas coutume, j’ai vécu des très bas, mais aussi et surtout, des très hauts en ce week-end de course.
J’espère que vous avez le cœur accroché, car j’ai fait mouiller les yeux de quelques-uns de mes proches venus me voir pour l’occasion.
Vous le savez, il a fait très chaud ce week-end partout en France. Dans cette belle région du Castellet, où se déroulait le Grand-Prix de France Historique, la température était presque acceptable et avoisinait les 30°C le matin. Pas plus de 35°C l’après-midi.
Un détail pour vous, presque une aubaine d’être là ? Non, le bitume était bien à 56°C, soit la température de mes pneus à l’arrivée de la course de Magny-Cours 3 mois plus tôt.
Fatalement, la voiture chauffe. Beaucoup. Aux premiers essais, il m’était impossible de faire plus d’un tour sans surchauffe moteur. Je faisais donc un tour plein, un tour de décélération pour refroidir et je recommençais.
Dans ces conditions, j’imaginais mal pouvoir faire la course le lendemain. Heureusement, Antoine, mécanicien pour la Classic Racing School, à su trouver une solution avec les moyens du bord.
La loi EVIN me suggère de ne pas vous révéler les secrets de cette réparation insolite. Mais retenez qu’Antoine a fait un travail d’orfèvre afin de limiter la chauffe du moteur.
Malgré la chauffe aux essais je parviens à faire des temps très corrects dès les premiers tours de roues. Le circuit du Paul Ricard est très permissif, très sécurisant et on se sent à l’aise immédiatement. Cela me permet de prendre des risques dès le départ puisque ceux-ci sont finalement très limités.
Comme à mon habitude, j’avais regardé énormément de vidéos des années précédentes. J’avais également étudié les chronos en fonction de divers paramètres météos et notamment le vent afin d’essayer de donner quelques objectifs.
L’année précédente, je remarque des temps en qualif de 2’39 pour Michel Dupont, et 2’42 pour Régis Prévost, mes deux concurrents directs.
Pour ma première séance d’essais je fais un meilleur temps en 2’36, 2 secondes plus rapide que Michel. De quoi se donner la confiance.
La deuxième séance d’essais, pas meilleure en termes de refroidissement, me donne un chrono en 2’35 ! Soit presque 3 secondes de mieux que mes concurrents directs !
Je me sens capable d’aller chercher encore deux secondes voir plus.
Sachant que les chronos des meilleurs sont en 2’29, je me surprends presque à rêver d’aller chercher un bon résultat au général.
Stéphane, mon coach de la Classic Racing School, m’indique les endroits où gagner du temps, ce sera révélateur pour les qualifications.
Je pars donc confiant. La voiture est saine et j’aime son comportement en piste. Elle ne surchauffe plus du tout et le moyeu arrière gauche qui provoquait un problème de freinage le matin a également été résolu par Antoine.
J’enchaîne donc les tours rapides. Je regarde mes chronos en direct sur le volant. Ils tombent littéralement : 2.’35 puis 2’34.5 ; 2’34.0 puis 2’33.9…
Me rappelant des chronos faits par les pilotes l’an dernier, cela me place dans les 20 premiers au départ !
Me rappelant des chronos faits par les pilotes l’an dernier, cela devrait me placer dans les 20 premiers au départ !
Bien loin devant mes concurrents directs de la catégorie.
Malheureusement, c’était sans compter sur leur ténacité.
Longtemps second de ma catégorie, je décrocherais finalement la 5ème place dans la même demi-seconde que mes acolytes, et 1 seconde derrière Brian.
Rien de grave dans le fond car après avoir débriefé avec Stéphane mon instructeur et coach depuis le Volant Michel Vaillant x YEMA, je peux encore aller chercher presque 2 secondes.
Mais demain, lors de la course, il faudra tout de même les doubler.
Et si vous vous souvenez de la course à Dijon, vous savez maintenant que ce n’est pas gagné.
Au départ de la course 1, samedi matin, il fait déjà chaud. Je ne pourrais pas exercer mes talents au départ comme à mon habitude, puisque le départ sera lancé et non arrêté. Mais j’ai une stratégie.
Sur ce circuit, la ligne droite est longue et il faut la privilégier. Je réfléchis donc à comment je dois être placé au virage juste avant. De fil en aiguille j’en déduis où il faut que je sois au premier virage après le départ.
La stratégie est donc simple, je dois me débrouiller pour me positionner sur la droite de la piste dès le départ, et doubler tout le monde par l’extérieur du premier virage à gauche. Ce faisant, j’enchaînerai les bonnes positions à la fois pour doubler dans les virages suivants, puis pour être à l’aspiration avec la vitesse maximale en ligne droite.
Facile.
C’est une technique que j’ai beaucoup testée en karting. Elle fonctionne. Cela va me mettre aux limites d’adhérence, voire légèrement en dérive. Mais je sais que je sais le faire. Je l’ai déjà fait.
Seulement voilà. Je ne suis plus en karting. Les différences d’adhérences cette fois ne sont plus tenables avec mes seuls bras. Pire, j’ai oublié un détail. Un détail de taille pourtant puisque des Formule 1 ont roulé juste avant nous sur la piste. Laissant de la gomme chaude et donc une trajectoire excessivement adhérente. Mais également une piste hors trajectoire un peu plus glissante.
Je prends le départ de cette course en me visualisant dans le top 10 au bout du 2ème virage.
Au premier freinage, je freine presque 50 mètres plus tard que mes concurrents, et commence à les passer par l’extérieur. Je me rapproche de Michel Dupont. Je vais vraiment plus vite que lui.
Je le savais. J’aurais pu le prévoir. Être plus prudent. Prendre un soupçon moins de risque.
Bien sûr je remonterais quelques places, en surconduisant, énervé par mon erreur de débutant… La course est fichue. Je perds 3 places au général par rapport à ma position de départ et mon meilleur tour est à peine aussi bon que mes qualifications.
Heureusement, le week-end m’a réservé d’autres surprises, et ce n’est pas pour me déplaire.
Je vous donne rendez-vous dans un prochain article, mais croyez-moi : vous ne voulez pas rater ce qui suit.
-Nicolas Hermet